90.

Moins de quarante secondes…

Concentre-toi.

Hudson recouvra d’un coup son sang-froid.

Parle-leur. Continue de parler à Monserrat.

— J’aimerais vous poser une question, avant de partir. M’y autorisez-vous ?

Monserrat hocha la tête.

— Ça ne coûte rien de demander. Vous pouvez demander tout ce qu’il vous plaira. Peut-être aurai-je moi-même une question, ensuite.

Le colonel Hudson regarda droit dans les yeux de Monserrat pendant que celui-ci parlait. Il ne vit rien – ni affect, ni émotion. Ils se ressemblaient, à maints égards.

— Cela fait combien de temps que vous travaillez pour les Russes ? Que vous jouez les taupes pour eux ?

— J’ai toujours été du côté des Russes, colonel. Je suis russe. Mes parents étaient en poste aux États-Unis. Ils faisaient partie des centaines d’agents qui sont venus s’établir ici à la fin des années quarante. On m’a appris à être un Américain. Il y en a d’autres comme moi. Partout dans le pays. Ils attendent, colonel. Nous voulons détruire les États-Unis, sur le plan économique et dans tous les autres domaines.

Quatorze secondes… Douze seconde… Dix secondes.

Le décompte se poursuivait dans la tête de Hudson, qui continuait à discuter d’une voix monocorde avec François Monserrat :

— Harry Stemkowsky… Vous vous souvenez d’un homme du nom de Stemkowsky ? Un pauvre sergent infirme ? L’un de mes hommes ?

— Une des victimes de la guerre. Votre guerre, colonel, pas la nôtre. Il ne vous a pas trahi.

Hudson hocha la tête, fit deux pas rapides sur sa gauche. Deux hommes levèrent leurs armes. Trop tard.

Son menton collé à sa poitrine, Hudson se jeta à travers la vitre. Il atterrit au rez-de-chaussée de la fabrique de chaussures.

Dans la seconde suivante, l’immeuble entier fut ébranlé par les premières salves des M 60, qui pulvérisèrent intégralement le troisième étage.

Des feux s’embrasèrent à trois emplacements distincts de l’usine. Des flammes orange vif et écarlates se mirent à danser, s’efforçant d’atteindre le plafond jaunâtre et sale. D’immenses vitres plièrent avant de se déloger de leur cadre et de se fracasser sur le sol cimenté. Les vieux étais et les structures de soutien du bâtiment commencèrent à s’affaisser partout, gauchis par la chaleur croissante, incapables de résister à l’assaut des flammes avides.

Des fusils M 16 crachaient et pétaradaient de toutes parts.

L’offensive des vétérans faisait rage.

Hudson attendait, ramassé en position de combat derrière de grosses machines industrielles.

Il entendit alors le son qu’il attendait. Le grondement des rotors de l’hélicoptère lui parvint distinctement.

Le Cobra s’était posé sur le toit. Exactement comme prévu. Tout se déroulait à la perfection, jusqu’à l’évasion finale.

Le colonel Hudson s’autorisa enfin l’ombre d’un sourire.

Juste une ombre.

Vendredi Noir
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